Panter conquers Paris
Introduction by Cynthia Rose So influential is artist Gary Panter that for the rare show of his work at Gallery Martel, fans have come from Berlin, Japan, Italy and London. His brilliantly hued paintings run end-to-end down the walls of the space – interrupted only by the frenzied lines of his drawings.
Gallery staff are delighted. “There are artists all over France who have been waiting years for this! Our vernissage was incredible.” With a giant painting made on site for the show, this is one homage that is hard to pigeonhole.
Born in deep Southwestern America – the land of deserts, drive-ins and tacos – Panter was raised in a genuine Pop environment. His half-Indian father, who is also a painter, ran the dimestore in a Texas town on the Mexian border. It was crammed with comics, odd toys and offbeat magazines.
After this steady diet of weirdness during childhood, Panter decided to set off for art college. There, this precocious fan of Picasso and Dubuffet astonished professors with the boldness of his vision. After graduation, he worked in an art museum as a janitor. Fired for the unauthorised puppet shows he organised, Panter then migrated West to California. In LA, his work for Slash Records and WET magazine helped give the local punk music a national profile.
Three of his creations from that time remain world famous. One is a declaration called the Rozz-Tox Manifesto, a demand that artists learn to be self-reliant. The second is his cartoon character Jimbo, a punkish Everyboy who inspired Matt Groening’s animated version: Bart Simpson. The third was Panter’s cult design of a TV show, Pee-Wee’s Playhouse.
After another move to New York, Panter became a serious painter. But he never tamed his output of groundbreaking drawings. These can be found in his graphic novels and comics, in low-tech 3-D books such “Facetasm” (made with Charles Burns) or in volumes no one else could imagine, much less execute (“Cola Madnes”; “Return of the Elvis Zombies”). In recent years, Panter completed Jimbocentric versions of Dante and the Decameron; he is also the subject of a lavish, two-volume monograph.
All through the years, the artist has made music; he is one-third of the band Devin, Gary & Ross. He has also continued presenting puppet and light shows. Panter prefers to call it all “psychedelic”, but the adjective falls far short of describing his work’s strange richness.
Panter’s very first jaunt to Europe was for work. He came aged 14, as a Church of Christ missionary. “It’s a really horrible sect that’s incredibly strict. For many years, I couldn’t even make myself draw a beer can. But it’s played a vivid role in my life.” Part of that legacy is a pervasive sense of doom, which has been borne out in surprising ways. Sent to Waco, Texas to record the Branch Davidian siege, Panter was watching that compound when it burst into flames.
Eight years later, he saw the Twin Towers fall from the roof of his studio. “It’s a weird world that puts us in all kinds of places, then expects us to take some kind of position on them.”
His Paris show presents a well-rounded portrait. One sees the elusive artist as a writer, painter, bédéiste and social critic, as well as a fulltime musician and persistent punk. From the landscape painter whose work takes place on Mars, it’s a one-of-a-kind chance to meet an unmatchable talent.
Panter vu par François Landon:
Si Gary Panter tient son rang dans des domaines aussi dissemblables que la peinture, la bande dessinée, la pochette d’album, le décor, le design, le graphisme commercial – avec de régulières incursions du côté du light-show et de la musique – c’est sans doute qu’il a commencé sa vie avec ce qui ressemble bel et bien à deux chances.
La première, avoir eu un père gérant de « Toupourien » dans une ville moyenne du Texas. Après la fermeture, le petit Gary se jette sur le rayon des comics – ceux-ci ne mettent pas en scène les personnages-stars des grands studios de cartoons : juste leurs clones criards et naifs. Et à côté, en prime, il y a les magazines pour adultes, pin-ups livrées aux crocodiles ou abandonnées nues dans le désert. Cette imagerie-là, il va la réinterpréter toute sa vie, y mêlant les dinosaures, les aliens, les papiers de bonbons vintage et les figurines. Autant de catalyseurs de rêverie qui sont l’âme de son monde.
La seconde chance de Gary est d’avoir été élevé selon les préceptes aussi austères que déjantés de l’Église du Christ. C’est contre ce carcan qu’il se rebellera. L’Église encourage le chant mais interdit les instruments : longtemps, l’artiste sera un musicien coupable. Quant à la vieille Bible de ses grands-parents, illustrée par Gustave Doré, elle lui fournit son quota d’anges romantiques et de squelettes.
C’est sur ces fondements qu’une œuvre sans pareille va se construire. Études de Beaux-Arts à l’East Texas State University en 1977, et puis Gary file à Los Angeles. Il a dix-sept ans. Il monte sa première vraie exposition de peinture, dessine les affiches et les flyers de The Germs, The Screamers et autres groupes punk West Coast du même tonneau. Il rencontre Paul Rubens, alias Pee-Wee Herman, avec qui il travaillera étroitement : les décors qu’il réalise pour le show télé Pee-Wee’s Playhouse lui vaudront trois Emmy Awards. Surtout, il crée Jimbo, personnage à cheveux en brosse et nez en trompette, un mix de punk et de plouc qui est son alter ego.
Durant les Eighties, outre des pochettes pour les Red Hot Chili Peppers, pour Frank Zappa (qui apparaîtra dans une aventure de Jimbo) et pour les Residents (avec lesquels il fera de la musique) il peint frénétiquement. La toile est depuis toujours le point focal de sa création : « Une part de mon intérêt pour la peinture tient à ma sensibilité envers l’histoire de l’art. J’ajoute des idées, j’en retranche, je bifurque à partir des plus anciennes, je les relie, je tente d’inven-ter des couleurs inédites. J’essaye de découvrir ce que je peux faire et que les autres n’ont pas fait, ou sont incapa- bles de faire (...) Le plus intéressant, c’est de trouver une nouvelle niche écologique. »
La fringale de Panter pour ce qui peut alimenter son travail confine à la boulimie : lui qui lisait uniquement Dick, Burroughs ou Burgess va dévorer Dante « cinquante ou soixante fois » – parce que les aventures de son personnage Jimbo l’entraînent du Paradis à l’Enfer ! Ce talent et cette fougue ne pouvaient bien sûr que croiser le chemin de RAW, le magazine-tribune-manifeste dont Art Spiegelman et Françoise Mouly tenaient la barre.
Aujourd’hui, à soixante-et-un ans, Gary Panter continue de ne dormir que quatre heures par nuit : cet éternel touche-à-tout, cette espèce de Boris Vian post-underground a besoin de toutes ses secondes de veille pour produire, encore et encore.
S’il n’ouvre plus la quarantaine de containers bourrés de jouets plus ou moins cassés qu’il conserve à son domicile, si sa grande période des light-shows avec Joshua White, un phare du genre, est close pour l’instant, il continue de modeler des marionnettes et de monter des maquettes d’architecture improbables avec des matériaux de récup, baguettes chinoises ou pailles en plastique, d’inventer des pochettes de disque, de gratter sa guitare, et de peindre sans relâche, de dessiner sans répit, surfant toujours avec le même brio à la lisière de l’expression populaire et de l’art.